« On descend tous de Méliès ! Avec lui on remonte aux origines du cinéma, à l’invention des effets spéciaux. Spielberg, Lucas, Cameron sont ses héritiers directs. » clamait Scorsese en 2011 lors du lancement de son film Hugo Cabret. Le cinéma ? C’est un plongeon dans un autre univers, un jeu d’émotions qui nous transporte vers la grande évasion de notre réalité.
Passerelle entre le réel et l’extraordinaire, les effets spéciaux ne cessent de nous emporter, depuis plus de 120 ans.
Dès le XIXe siècle, l’essor de la photographie et les représentations de magie éveillent un goût pour le spectaculaire. Georges Méliès s’empare de la cinématographie et devient, à l’aide de trucages, l’inventeur des premiers effets visuels. Son film révolutionnaire Voyage dans la Lune sort en 1902. Aujourd’hui, Avatar la voie de l’eau s’apprête à sortir sur grand écran et s’annonce à la pointe de l’innovation.
L’invraisemblable, le rêve et la fiction restent indissociables du 7ème Art, et de son génie fondateur.
Le hasard heureux de l’invention
A l’origine, Georges Méliès (1861-1938) devait fabriquer des chaussures. Il s’immerge dans la prestidigitation et dans le Cinématographe puis, par une coïncidence de caméra, invente le premier effet. Il filme une rue et doit arrêter la prise de vue. Lorsqu’il visionne la pellicule, il s’aperçoit qu’une ambulance qui passait dans le champ a été remplacée par un corbillard. Ses effets d’optiques, dont les appareils inédits sont exposés à la Cinémathèque Française, deviennent alors précurseurs des rendus les plus extraordinaires du cinéma.
Les salles obscures s’illuminent
Témoins d’une constante révolution technique et créative, les chefs d’œuvres se succèdent et marquent l’histoire du cinéma.
- King Kong de Cooper et Schoedask (1933) -
Le gorille est animé par le stop motion
- L’Homme invisible de Whale (1940) -
Le fond vert apparaît
- L’Odyssée de l’Espace de Kubrick (1968) -
- Star Wars de Lucas (1977) -
Des maquettes sont manipulées manuellement
- Jurassic Park de Spielberg (1993) -
- Matrix des Wachowski (1999) -
Le numérique se rapproche de l’intelligence artificielle, les éléments sont filmés sur fond vert, le décor est ajouté par ordinateur
- Avatar de Cameron (2009) -
La création d’une caméra virtuelle appelée « Director Centric System » permet de transformer à l’écran en temps réel les mouvements des acteurs couverts de capteurs
Les procédés intemporels
Pionnier, Méliès a inventé de nombreuses techniques encore exploitées : fondu enchaîné, premiers systèmes de caches, surimpressions, agrandissements et rapetissements de personnages…
On peut en retenir trois :
Motion capture :
réalise des personnages à partir des mouvements d’un acteur réel
Incrustation :
technique grâce au fond vert qui consiste à incruster des personnages ou des objets grâce à des logiciels
Matte painting :
permet de créer un décor spécifique et de rendre les scènes réalistes grâce au numérique
L’histoire sans fin
Dans son film Après le bal (1897), Méliès renversait un seau de sable pour reproduire l’effet de l’eau. Dans Avatar la voie de l’eau (2022), des caméras ont été conçues pour enregistrer avec précision les performances des artistes dans un réservoir de plus de 3 millions de litres d’eau pour un rendu 100% photoréaliste. En plus de 120 ans, la volonté du rendu n’a pas changé, seule la technique a évoluée, avec son époque. Méliès disait que le cinéma est ce métier : « qui consiste à réaliser tout, même ce qui semble impossible, et à donner l’apparence de la réalité aux rêves les plus chimériques, aux inventions les plus invraisemblables de l’imagination. » Tel un grand classique du cinéma que l’on a plaisir à revoir, les mots de Georges Méliès n’ont pas pris une seule ride.