Le Grand Palais se transforme en machine à remonter le temps et transporte avec succès le visiteur de 2020 jusqu’en l’an 79 de notre ère. La fin du voyage est bouleversante. C’est dans la nuit du 24 octobre de l’an 79 que les habitants de Pompéi sont réveillés par un phénomène volcanique dont ils ignoraient l’existence même. En seulement 30 heures, cette cité romaine calme et prospère se retrouve perdue, corps et âme, sous 6 mètres de roche volcanique.
Corps et âme ? Pas tout à fait ! Ce que réussit parfaitement la scénographie du Grand Palais, c’est justement de nous restituer, ce qu’était l’ambiance, la vie sociale, le faste mais aussi la vie quotidienne des habitants de Pompéi.
L’éruption du Vésuve, après huit siècles de sommeil, figea dans le temps la vie de cette cité. Elle est aujourd’hui un témoignage extraordinaire de la vie pompéienne. L’exposition « Pompéi » propose une expérience numérique immersive d’un genre nouveau, mettant en scène la petite cité romaine de manière spectaculaire et impressionnante.
Pompéi, un livre ouvert qui s’écrit toujours
Gœthe disait vrai quant il affirmait au sujet de Pompéi : « ll s’est produit nombre de catastrophes mais il en est peu qui aient causé autant de joie aux générations futures. »
Oui ! Chaque génération redécouvre son histoire et la réinterprète selon des méthodes sans cesse renouvelées. C’est ainsi depuis trois siècles : archéologues, artistes et visiteurs s’y rejoignent pour toucher du bout des doigts une Antiquité qu’on ne trouve nulle part ailleurs sous cette forme. Les fouilles ne cessent de livrer des traces extraordinaires de la vie quotidienne telles que des bijoux, des sculptures, des poteries, comme autant de témoignages vibrants des vies brisées par cette éruption. Il existe aussi d’exceptionnels témoignages de fruits, de pains, de céréales, d’une remarquable conservation bien que calcinés. (On peut les voir en ce moment au Musée de l’Homme dans une belle évocation d’un « Dernier repas à Pompéi ».)
Pompéi, avec une surface de 66 hectares dont seulement 44 ont été fouillés à ce jour, est le seul site archéologique capable de restituer l’apparence d’un ancien centre romain dans son intégralité et avec toute la diversité de ses éléments architecturaux et décoratifs.
Sous les lapilli
… la vie
L’immersion du visiteur commence dès l’entrée par l’architecture même du Grand Palais dont les arcades intérieures sont autant de rappels des voussures des villas romaines.
Dès l’entrée dans la salle immense, le Grand Palais s’efface derrière Pompéi. Des jeux savants de projections transforment les visiteurs en plébéiens ou patriciens. Une rue, une façade, un atrium, un triclinium et un cubiculum. Il ne manque que le cri des mouettes et les parfums de la Méditerranée pour parachever ce voyage dans le temps. Mais le vraisemblable vous saisira malgré tout, quand la quiétude d’un jardin se trouve soudainement bouleversée par la reproduction saisissante de l’éruption brutale du Vésuve qui secoue littéralement l’ensemble du site de l’exposition.
Dès lors, les 1941 années qui nous séparent des derniers Pompéiens laissent contre toute attente la place à l’empathie.